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La crise resserre l'Europe

Author:
Philippe ISNARD
Published:
September 25, 2024

Depuis 2021, les deux principales économies de l’Union européenne (UE) – à savoir l’Allemagne et, dans une moindre mesure, la France – ont sous-performé les autres États membres réduisant ainsi les écarts de performances économiques entre ce que l’on appelle trivialement l’Europe du Nord et l’Europe du Sud.

Les économies du Sud ont bénéficié de leur exposition bien plus forte au secteur des services, en particulier au tourisme, et du puissant rebond de ce dernier depuis la fin de la pandémie. De plus, dans des pays comme l’ Espagne, la Grèce et dans une moindre mesure l’Italie l’industrie manufacturière est très peu présente. Ainsi ces pays ont- ils moins souffert que d'autres de la flambée des prix de l’énergie et des taux d’intérêt élevés, ce qui leur a permis de générer des exportations de biens et de services plus importantes.

De surcroit, celles-ci ont été abreuvées de manière très important de fonds de relance de l’UE représentant quelque 10% de leur produit intérieur brut (PIB). En revanche, des pays comme l’Allemagne et la France n’ont perçu des aides que de manière très marginale à hauteur de 1% du PIB pour la France et 0,5% du PIB pour l’Allemagne.

Pour autant, les performances boursières sont assez contrastées entre les géographies et ce en raison de leurs pondérations sectorielles respectives. Les indices boursiers italiens et espagnols affichent une part plus importante d’entreprises du secteur financier, et la remontée des taux d’intérêt a dopé les revenus d’intérêt des banques. A contrario, la France compte dans son indice boursier une part plus importante de sociétés industrielles, et quelques-unes dans le secteur de la santé, mais moins de valeurs financières. Tirée par les exportations, l’économie allemande, est sensible à l’évolution de l’euro. L’affaiblissement de ce dernier cette année vis-à-vis du dollar américain et d’autres devises a permis de compenser les désavantages sectoriels du marché. La faiblesse du secteur industriel allemand s’est avérée surtout préjudiciable aux constructeurs automobiles. Tandis qu’en France, les incertitudes politiques ont éloigné les investisseurs du marché boursier.

Mais les choses devraient changer dans les mois à venir. Alors que la hausse des taux d’intérêt avait favorisé les petites économies européennes, leur abaissement leur sera défavorable. Les prévisions de bénéfices sont aujourd’hui plus élevées pour les marchés français et allemand que pour les entreprises italiennes et espagnoles. Au-delà, tout soutien politique marqué à l’économie chinoise pourrait bénéficier à l’Allemagne et à la France, dont les secteurs du luxe et de la consommation discrétionnaire sont exposés au plus grand marché du continent asiatique.