News

Marseille, c’est de l’IA, Bébé !

Author:
Philippe ISNARD
Published:
September 30, 2024

« Quand j'ai commencé mon mandat, il y avait deux data centers sur le port de Marseille, aujourd'hui le cinquième est en construction, raconte Christophe Mirmand, préfet de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Six autres sont en projet en dehors de la zone du port qui est désormais saturée. Et quatre autres sont également en projet dans d'autres communes proches », expose-t-il.

La raison : les 18 câbles sous-marins qui arrivent directement sur les plages du Prado.

Car le monde des fermes est lui-même en plein bouleversement. L'arrivée des applications d'IA générative, comme ChatGPT dès fin 2022, repoussent les limites des data centers. Les nouveaux modèles de langage tels que GPT-4 (d'OpenAI) ou LLaMA (de Meta), ainsi que les nombreux logiciels qui s'appuient sur ces modèles, nécessitent une puissance de calcul immense à laquelle la plupart des data centers actuels sont incapables de répondre.

Pour satisfaire cette boulimie de calcul et par conséquent de dépense énergétique liée à l’alimentation de ces toujours plus nombreux processeurs graphiques (GPU), les data centers prennent des proportions toujours plus grandes. Le futur centre de Digital Realty à Dugny, près de l'aéroport du Bourget, en région parisienne, s'étalera sur 41.000 mètres carrés pour une puissance de 200 mégawatts. Cette densité énergétique accrue génère une chaleur telle que les systèmes de refroidissement traditionnels ne suffisent plus. « Il faut plus d'espacement entre les serveurs, mettre davantage de couloirs de refroidissement », explique Régis Castagné, directeur France d'Equinix.

Conséquence de quoi, nombre des data centers actuels subissent une obsolescence accélérée.  Selon la fédération professionnelle France Data Center, 80% du parc privé serait aujourd'hui quasi obsolète. Ou, en tout cas, non-utilisable pour des applications d'IA générative. Equinix, le leader mondial de l'infrastructure numérique, . estime quand même pouvoir convertir une centaine de ses 265 centres dans le monde à l'IA générative. Le restant est trop ancien pour accueillir la puissance électrique et les infrastructures de liquid cooling nécessaires.

Mais si la technologie des processeurs évolue à une vitesse fulgurante, construire un nouveau data center prend au moins cinq ans. Equation compliquée à résoudre.

Pour bien comprendre le défi énergétique en jeu, une information est passée quelque peu inaperçue mais significative, à savoir que  Microsoft relance la (hélas célèbre) centrale nucléaire de Three Mile Island pour alimenter ses data centers, centrale arrêtée en 2019 pour un fonctionnement prévu jusqu’en 2054 !